mardi 10 mai 2016

La peur de l'évolution

Je ne vois pas de différence entre la société tunisienne du 21ème siècle qui refuse de s’instruire à propos de la sexualité, en boycottant la chaîne TV qui a ouvert le débat sur l’homosexualité, et la société européenne du 16ème siècle qui refusait de s’instruire à propos de l’astronomie en persécutant les scientifiques affirmant que c’est la Terre qui tourne autour du Soleil et pas l’inverse.

Les sociétés endoctrinées ont toujours le même souci : la peur obsessionnelle de l’évolution « menaçante », c’est à dire celle qui risque d’agiter leurs évidences culturelles.
Les individus composant ces sociétés protègent ces évidences contre deux types de menaces :
– La menace externe (le savoir) en cherchant à être et à rester ignorants.
– La menace interne (eux-même), en se percevant comme d’éternels enfants ayant besoin d’une tutelle morale, dont le rôle est de leur empêcher de réfléchir.

Il y a un effet commun à cette double-résistance : le sentiment de faiblesse.
Lorsqu’on est ignorant et qu’on veut le rester, on se sent faible face au savoir car celui-ci nous submerge par ses arguments et on n’a pas grand chose pour le contourner.

Et lorsqu’on a besoin d’une tutelle morale, on se sent également faible parce qu’on est à la merci de l’institution devant assurer cette tutelle, en l’occurrence les médias.

La conséquence de ce sentiment de faiblesse est de tenter d’éliminer la source de la menace, le cas échéant. C’est tout ce qui reste à ces sociétés pour protéger leurs évidences. Si quelques siècles auparavant, on pouvait se permettre d’oppresser, voire d’assassiner, légalement, les personnes menaçantes, aujourd’hui, cela n’est plus vraiment possible. Et c’est dans cette optique que s’inscrit la campagne de boycott. On se débrouille avec les moyens de bord pour arriver à la même fin : l’élimination de l’évolution menaçante.

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