L’être humain, l’argent, la morale et la religion. Comment ces 4 composantes interagissent et s’influencent mutuellement ? J’essayerai de répondre à cette question à travers ce texte qui les met toutes en jeu, et en prenant comme exemple d’analyse la star américaine qui fait couler beaucoup d’encre actuellement à cause de sa maladie : Angelina Jolie.
Il est évident que l’être humain a mis en place, au fil des siècles, un système où rien ne compte plus que l’argent. Pour en récolter le maximum, tous les moyens sont bons: le pouvoir, la force, la guerre, la manipulation, l’esclavage, l’escroquerie, l’arnaque, … et, le dernier en date, l’évasion fiscale. C’est à en croire que nous sommes faits comme ça, que c’est ça notre nature humaine, et que tous les principes et valeurs humanistes incitant à la philanthropie, à l’altruisme, à l’assurance de l’équité et de l’égalité entre les gens et au développement de notre sens du partage sont, tout bonnement, utopiques.
L’une des conséquences de cette caractéristique humaine -pour le moins- pourrie est qu’aujourd’hui, on a, d’une part, des gens dont la fortune pourrait nourrir tout un continent pendant des dizaines d’années, et d’autre part, une statistique effrayante, selon laquelle, en moyenne, chaque 6 secondes, il y a quelque part dans le globe un enfant qui meurt de faim.
Dans un monde aussi « pollué » par cette obsession pour l’argent, l’existence de personnes comme Angelina Jolie est juste exceptionnel. Cette femme se consacre depuis plusieurs années aux causes humanitaires. Entre autres, elle a adopté 4 enfants, venant de pays très pauvres comme l’Ethiopie ou le Cambodge, afin de les sauver de la famine et de l’orphelinat. Et elle songe encore à en adopter d’autres avec son compagne actuel Brad Pitt. Elle a également fait don de dizaines de millions de dollars américains durant les dernières années. Sans oublier ses activités et engagement abondants sur le terrain (à l’instar de ses visites régulières aux camps de réfugiés).
Alors, la question qui se pose maintenant est pourquoi Angelina Jolie est différente ? Autrement dit, comment elle a acquis ce sens bien développé de la morale au détriment de son amour pour l’argent ? Bien entendu, elle n’est pas la seule à être aussi généreuse et humaniste, loin de là, mais c’est un bel exemple qui pourrait servir de point de repère pour une analyse extrapolable. En fait, il y a deux grandes écoles de pensée qui expliquent la source de la bonté, ou du sens de la morale chez l’être humain : la première suggère que c’est une affaire divine: c’est Dieu à travers sa ou ses religions qui a appris à l’Homme à devenir un être moral, ou du moins, à défaut de l’être, d’éprouver du respect envers les actes et les causes moraux. C’est bien sûr un avis purement religieux, qui perçoit la morale comme un concept immuable : il y a une seule morale qui est parfaite, s’appliquant en tout temps et à tout endroit, et celle-ci n’évolue pas.
D’un autre côté, la deuxième affirme que la morale est antérieure à la religion, que cette dernière y est elle-même soumise, et que c’est notre empathie qui la développe: cela veut dire que nous avons tous tendance à nous imaginer à la place d’autrui et à agir en conséquence. Cet avis est, en revanche, fondée sur la science. Il est notamment soutenu par la théorie de l’évolution selon laquelle nous avons des gènes d’altruisme, sélectionnés par le processus de l’évolution, qui donnent aux gens de l’empathie naturelle. La morale, vue comme ça, est un concept évolutif. La conclusion de cette opinion est que non seulement la morale n’a pas pour origine les textes religieux, mais qu’en plus, notre progrès moral nous permet d’évaluer ces textes-là, d’en adopter certaines parties, et d’en rejeter d’autres.
D’ailleurs, il est très facile de remarquer que nous concrétisons réellement cette déduction en prenant un exemple de notre culture islamique : On sait tous que le coran incite à prendre soin de ses parents. Cela s’inscrit merveilleusement bien dans notre sens de la morale et les musulmans en sont, à juste titre, et tout à leur honneur, bien fiers. D’un autre côté, le coran incite également à la violence conjugale envers l’épouse en cas de désobéissance, et puisque notre morale, depuis l’apparition de ce livre sacré (soit 14 siècles), a bien évolué, nous avons tendance aujourd’hui à ignorer ce précepte religieux, à le refuser, à ne pas l’enseigner aux écoles, à ne pas le citer aux mosquées, et à même tenter de déformer le sens de la phrase qui l’énonce lorsque l’on y est confrontés.

Revenons à Angelina Jolie. Évidemment, ce n’est pas son cas isolé qui tranchera et qui déterminera laquelle des deux écoles a raison. Je pense que toute personne ayant un minimum de bon sens pourrait le savoir indépendamment des actions d’Angelina. Mais il est intéressant de remarquer que tout laisse croire avec elle que c’est bel et bien son empathie qui la guide moralement. À commencer par ses croyances personnelles qui n’en sont absolument pas la source, puisque Angelina est irréligieuse, et donc penser que sa bonté est issue d’un quelconque enseignement religieux est vraisemblablement faux. En arrivant à ses déclarations allant clairement dans le sens de la deuxième école de pensée, comme lorsqu’elle a affirmé que « chacun d’entre nous aimerait croire que si nous étions dans une mauvaise situation, quelqu’un nous aiderait. », une phrase tellement révélatrice de son énorme sens de l’altruisme et de l’empathie ! Ou, plus surprenant encore, lorsqu’elle a dit qu’elle espérait, pour les gens ayant consacré leurs vies à Dieu, que ce dernier existe, bien que elle, personnellement, n’en voit pas le besoin ! C’est surprenant parce que si ce dieu existe, elle pourrait être la première à en payer le prix, étant « impie ».
Pour conclure, je voudrais revenir sur la raison pour laquelle j’ai décidé d’écrire cet article : dans la société à laquelle j’appartiens, malgré son ouverture sur différentes cultures, de part son histoire et son emplacement géographique, elle est énormément conservatrice, du moins sur le plan théorique, et l’influence de la religion sur les individus qui la composent est quasiment obsessionnelle, une influence confirmée par une statistique faite dernièrement : 77% des Tunisiens n’ont lu aucun livre de leur vie à part des parties du coran. Dans un tel contexte social, les gens associent inconditionnellement la morale à la religion. Une personne qui prie est forcément morale pour eux. Si elle ne l’est pas c’est qu’elle est une exception. Une personne ayant fait le pèlerinage (« 7aj(ja) bite rabbi ») est forcément « un ange ». Si elle ne l’est pas c’est qu’elle est une exception, etc. Cette situation est bien ennuyeuse, d’abord parce que c’est complètement faux et il faut donc que cela se corrige, à travers la sensibilisation graduelle. Ensuite, parce que c’est -moralement justement- injuste et que ça manque follement de respect aux gens qui ne sont pas pratiquants ou qui ne sont pas croyants, et qui ne pourraient donc jamais se hisser au niveau moral (du point de vue de la société) des personnes croyantes et pratiquantes.
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