Ce qui m’ennuie le plus au sujet du féminisme en Tunisie, c’est qu’il est en train de prendre une tournure populiste en raison de son adoption par des politiciens. La conséquence est qu’on nous propose des solutions affectées par la médiocrité inévitable du populisme. Dans le nouveau projet de loi, bien que certaines mesures proposées soient irréprochables, comme celle sanctionnant l’inégalité dans les salaires, l’ensemble ne l’est pas pour autant.
Premier reproche : ce projet écarte totalement les sujets qui risquent de trop contrarier la société, à l’instar de l’inégalité dans l’héritage, qui symbolise pourtant le sexisme injustifié de la loi tunisienne.
Deuxième reproche : il est idiotement basé sur la discrimination positive. C’est idiot parce qu’on ne règle jamais un problème avec le même type de problème, en l’occurrence, une discrimination avec une autre discrimination. Par exemple, certaines mesures proposées ne sont pas indépendantes du sexe, comme celle visant le harcèlement sexuel où seules les femmes seraient protégées. Or, même si la majorité écrasante des cas de harcèlement les vise et sont commis par des hommes, il est important, ne serait-ce que pour le principe, que la loi soit générique et qu’elle protège également ces derniers, qui sont eux aussi susceptibles de subir un harcèlement sexuel, que ce soit par d’autres hommes ou même par des femmes.
Dans le même genre, on n’essaye de réformer aucune loi discriminatoire actuelle désavantageant les hommes, comme celle de l’obligation militaire ou celle disposant que le mari est le seul qui doit dépenser dans la famille, même lorsque sa femme a un revenu.
Dans le même genre, on n’essaye de réformer aucune loi discriminatoire actuelle désavantageant les hommes, comme celle de l’obligation militaire ou celle disposant que le mari est le seul qui doit dépenser dans la famille, même lorsque sa femme a un revenu.
Troisième reproche : le projet pue, à contre-nature, le conservatisme. En effet, bien que la cause soit à la base moderniste, certaines mesures proposées sont primitives et exagérément répressives. C’est le cas par exemple de la punition d’un an de prison à l’encontre du harceleur, ou celle de 5 ans de prison dont écoperait celui qui couche avec une fille consentante ayant entre 16 et 18 ans ! Sans oublier celle qui criminalise l’inceste même entre adultes consentants. D’ailleurs, je ne vois pas le rapport de cette dernière avec le thème du projet de loi en question.
Malgré tout, personnellement, je soutiens l’initiative, mais je pense que, plus important que de légiférer des lois et d’établir des punitions, il faut faire un gros travail de sensibilisation qui commence dès l’enfance. Il ne faut pas que les gens aient uniquement peur d’être punis, il faut qu’ils soient convaincus de l’égalité entre les deux sexes, parce que la discrimination sexuelle existe à une échelle où c’est très difficile de punir ceux qui la commettent : la famille par exemple, où les femmes sont jusqu’à ce jour celles qui doivent faire la vaisselle, le ménage et la cuisine, et où les mâles jouissent encore d’une autorité sur les femelles (les maris sur leurs épouses, les frères sur leurs sœurs, etc.).
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